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Etre dix-huitiémiste Publié par Sergueï Karp ISBN 978-2-84559-022-9, 2003, 240 x 165 mm, viii + 291 pages, 13 illustrations, broché, prix €20 Publications du Centre international d'étude du XVIIIe siècle 14 Acheter sur Amazon
Il est évidemment plus facile de déclarer la nécessité d'un tel dialogue que de le mettre en pratique. Les individus qui parlent volontiers d'eux-mêmes et y prennent plaisir n'inspirent pas toujours confiance. En revanche, il est souvent difficile de convaincre ceux dont le parcours personnel et professionnel est réellement important pour nous, de venir en faire part devant un vaste auditoire: une longue habitude de réclusion, de solitude – compagnon inévitable, mais fidèle de l'homme qui réfléchit, y fait généralement obstacle. Parfois, derrière la fausse modestie se cache un excès d'orgueil qui ne favorise pas non plus un entretien confidentiel. Enfin, rares sont ceux qui atteignent ce niveau suprême où sincérité et publicité se combinent avec simplicité et naturel. Selon l'exemple de Duby, je me suis mis à envisager un ouvrage qui réunirait des considérations autobiographiques et méthodologiques de savants de l'ancienne génération parmi les plus marquants et les plus représentatifs, connus pour leurs travaux dans ce domaine des connaissances qui m'est particulièrement proche – le XVIIIe siècle européen et français en particulier, la Russie et l'Occident à l'époque des Lumières. Une expérience de ces «mémoires collectifs» a déjà été tentée: en juillet 1995, à Munster, dans le cadre du IXe Congrès international des Lumières, Jochen Schlobach et Michel Delon avaient organisé une «table ronde» consacrée aux spécificités de l'étude des Lumières dans différents pays au cours des cinquante dernières années; y avaient participé d'honorables maîtres (Paolo Alatri, Rudolf Vierhaus, Jacques Proust, Jean Ehrard, Jean Sgard, Hisayasu Nakagawa, Robert Darnton) ainsi que de très jeunes gens. Cette «table ronde» avait suscité un vif intérêt, plus d'une centaine d'auditeurs fort motivés y avaient assisté, et les actes en avaient été publiés. Je n'ai cessé mentalement d'élargir le cercle des participants à cette rencontre en imaginant que d'autres auteurs viennent partager leurs souvenirs, qu'ils pourraient exposer largement. Il est devenu possible de réaliser ce rêve, d'abord grâce aux treize remarquables savants, – historiens, historiens de la littérature, philologues, linguistes – qui ont aimablement accepté de participer à cet ouvrage. Il s'agit de personnalités très diverses, vivant dans des pays différents. Chacun a choisi librement le volume et la forme du texte qui correspondaient le mieux à son tempérament et aux conditions actuelles de sa vie – du court essai à l'article développé dans le style de «l'autobiographie intellectuelle» bien connue en Occident (en France particulièrement), de l'exposé détaillé de ses propres travaux à l'interview ou à l'entretien sur des thèmes plus larges. Je ne veux pas anticiper, mais je noterai simplement que même dans les notices les plus laconiques, rédigées par les patriarches, Georges May et Jean Starobinski, des réflexions sur le rôle joué par les impressions de l'enfance dans leur engouement pour le XVIIIe siècle ont pu trouver leur place. En effet, en dépit de toutes leurs différences de méthodologie, de style et autres, ces auteurs ont pour point commun le fait d'avoir consacré leur vie (ou du moins une bonne partie de celle-ci) à l'étude du XVIIIe siècle, et d'avoir considérablement contribué à orienter les recherches dans ce domaine durant la deuxième moitié du XXe siècle. À l'exception de l'interview de Robert Darnton, toutes les contributions proposées à l'attention des lecteurs ont été rédigées spécialement pour ce recueil. L'ordre de présentation des articles est déterminé de façon purement formelle d'après la date de naissance des auteurs. En Russie, cet ouvrage a paru en 2001 avec le soutien de Maurice Aymard, administrateur de la Maison des Sciences de l'Homme à Paris, et d'Anne Duruflé, attachée culturelle de l'ambassade de France à Moscou. Table des matières
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