ISSN 2271-1813

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Dictionnaire de la presse française pendant la Révolution 1789-1799

C O M M A N D E R

   

Dictionnaire des journaux 1600-1789, sous la direction de Jean Sgard, Paris, Universitas, 1991: notice 7

AFFICHES D'ANGERS (1773-1789)

1Titres Affiches d'Angers, capitale de l'apanage de Monseigneur le Comte de Provence, et de la province d'Anjou.

Devient en mai 1774: Affiches, annonces et avis divers d'Angers, capitale de l'apanage de Monsieur, fils de France, frère du Roi; puis le 31 août 1789: Affiches d'Angers ou Journal national de la province d'Anjou.

2Dates 3 juillet 1773 - décembre 1786, en 4 tomes. Trois années non reliées 1787-1789. Privilège du Roi.

Périodicité: hebdomadaire, le samedi, puis, à dater d'août 1773, le vendredi pour des commodités de voiturier, et, à partir du 30 août 1787, à la demande de lecteurs, le jeudi «plus commode». Bihebdomadaire à dater du 23 juin 1789, le mardi et le samedi. Cette périodicité sera respectée; une interruption en avril 1774 sera compensée par un rythme double les semaines suivantes.

3Description Le journal a 4 p., parfois 6; 20 x 25, in-4º.

Devise: à partir du t. III (janv. 1780): Felix qui miscuit utile dulci; à partir de 1786: Multa paucis.

4Publication Angers, imprimerie de Billault, imprimeur de Mgr le Comte de Provence, rue St Laud. A partir de 1781, Ch. Pierre Mame lui succède.

Prix de l'abonnement: 6 # pour Angers, 7 # 10 s. dans la province et le royaume, franc de port; il ne variera pas jusqu'en 1789, quand le journal deviendra bihebdomadaire. Distribué à partir de 1778 sous enveloppe avec les lettres par les facteurs de la poste.

5Collaborateurs Pierre DEVILLE-BILLAULT (1774). Charles-Pierre MAME (1781).

6Contenu Contenu annoncé: Avis préliminaire dans le nº 1. But: renseigner et distraire. En 1778, il est précisé que la rédaction accepte tout ce qui est d'utilité générale et ne concerne ni la religion, ni le gouvernement, ni les lois du royaume. Mame reprenant le journal en 1781 réaffirme sa volonté de respecter la religion, les mœurs et les lois.

Le journal sera d'abord destiné à donner tous les renseignements que l'on peut souhaiter sur la ville d'Angers et les principales villes de la province: conservation des hypothèques, vente de biens et d'offices, demandes et offres d'emplois, publicité commerciale, renseignements démographiques, cours des grains. Il donnera aussi des informations sur la vie culturelle: annonce des spectacles, travaux des académiciens d'Angers, activités des divers établissements d'enseignement. Une rubrique «législation» donnera la notice des édits et déclarations du Roi, des arrêts du Parlement de Paris, du Conseil d'Etat et des conseils supérieurs de Blois et de Poitiers. Il fera place aux informations scientifiques et techniques qui lui parviendront.

Le contenu réel répond à cette déclaration. Plus des 3/4 des colonnes sont occupés par les annonces diverses. Les Affiches sont résolument un journal régional, sans ambition d'information politique générale. Il n'y a pas de relation suivie des événements de politique intérieure ou extérieure, si nombreux en cette période. Il n'en arrive que des échos limités à la vie locale et très prudents. Tout ce qui concerne la famille royale (à laquelle l'Anjou est directement lié) est rapporté; de la guerre d'Amérique parviennent les Te Deum de victoire, ou une vague hostilité contre l'Angleterre. Le bouillonnement de la province en 1787-1788 est ignoré: la période pré-révolutionnaire n'est vue qu'à travers les efforts du Roi pour unir les Français et soulager leurs peines, sans souligner ses échecs.

La rubrique littéraire est très fournie et donne une bonne idée des lectures de la société angevine (et des ouvrages que lui proposent les rédacteurs-libraires). Peu de commentaires, sauf sur Rousseau, objet d'un enthousiasme lyrique, ou Voltaire dont la Henriade qui vient d'être rééditée est le point de départ d'une contestation en règle. Place est faite aux œuvres des lecteurs: pièces en vers ou dissertations philosophiques, sur le philosophe, le sentiment de la nature, l'éducation des femmes. Une très grande importance est accordée aux sciences: intérêt pour les problèmes agricoles (de très nombreuses lettres exposent difficultés et découvertes, de l'élevage à la culture des pommes de terre), pour les sujets médicaux (les grandes maladies du temps: petite vérole, maladies vénériennes, rage surtout). Les inventions techniques passionnent: paratonnerre, machine à vapeur, et surtout expériences aérostatiques).

C'est donc toute la vie d'un certain milieu provincial qui revit là.

7Exemplaires B.M. Angers, H 5423: 1773-1786 (4 vol.); A.D. Maine et Loire: 1786-1789.

8Bibliographie H.G.P., t. I, p. 333-336. – Lebrun F., «Une source de l'histoire sociale: la presse provinciale à la fin de l'ancien régime, les Affiches d'Angers (1773-1789)», Le Mouvement social, nº 40 (juil.-sept. 1962). – Pasquier-Dauphin, Imprimeurs et libraires de l'Anjou, Ed. de l'Ouest, 1932, p. 178-186.

Historique Le journal est fondé par un notaire d'Angers, maître Deville; imprimé par Billault, imprimeur du comte de Provence. Il a pour correspondants particuliers des notaires, des bourgeois, un avocat, un ingénieur géographe; parmi les lecteurs dont les lettres sont publiées figurent des curés de campagne et des propriétaires nobles résidant sur leurs terres. En 1774, l'imprimeur Billault prend la direction du journal; les abonnements sont peu nombreux; en 1775, un avis fait connaître que le petit nombre des abonnés aurait fait renoncer à l'entreprise si les magistrats de la ville ne les y encourageaient. Le 6 décembre 1776, on chiffre ce nombre d'abonnés à 200, bien qu'il y ait beaucoup de lecteurs «par la manière dont plusieurs s'arrangent pour se décharger du prix modique de la souscription» sans doute par des abonnements collectifs. En mars 1779, Ch-P. Mame s'associe avec Billault, son ancien patron; il est à ce moment libraire, très actif à Angers. Il ouvre le 15 janvier 1780 un cabinet de lecture sous le titre de «cabinet politique» limité à 50 abonnés, qui devient une véritable société littéraire. En 1781, il obtiendra le brevet d'imprimeur de la ville (puis de l'évêque, de Monsieur, et du Roi, 1787) et succèdera le 15 juillet à Billault comme directeur-rédacteur des Affiches. Il donne au journal une impulsion nouvelle, combinant ses intérêts d'imprimeur-libraire proposant ses livres avec ceux de rédacteur; mais il s'abstiendra prudemment de faire passer dans les Affiches ses convictions (c'est lui qui écrira en 1789 le cahier des doléances des libraires angevins); il se contentera de nourrir dans son cabinet de lecture qui offre tous les grands périodiques français et étrangers la curiosité des Angevins intéressés par les problèmes politiques. Ce n'est qu'en juin 1789 qu'il fera de son journal un journal d'opinion, bihebdomadaire, avec un titre plus conforme au goût du jour: Journal national de la province d'Anjou.

Denise KOSZUL

 


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© Universitas 1991-2024, ISBN 978-2-84559-070-0 (édition électronique)