ISSN 2271-1813

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Dictionnaire de la presse française pendant la Révolution 1789-1799

C O M M A N D E R

   

Dictionnaire des journaux 1600-1789, sous la direction de Jean Sgard, Paris, Universitas, 1991: notice 133

AVIS AU PUBLIC (1768)

1Titres Avis au public du Bureau encyclopedique de Rossier, Imprimeur, Libraire & Relieur à Geneve.

Modifications du titre: nº II: Avis au public du Bureau de Rossier, surnommé Buraliste Encyclopedisque, Imprimeur, Libraire & Relieur à Genève; nº VI: Avis au public du Bureau de Rossier, surnommé Buraliste Encyclopedique, Libraire, Imprimeur, Relieur à Geneve; nº X et XI: Avis public du Bureau de Rossier, surnommé Buraliste Encyclopedisque, Libraire, Imprimeur, Relieur à Geneve.

2Dates 30 janvier - 9 avril 1768. 11 «feuilles» soit numéros parus, dont 5 seulement sont aujourd'hui connus (nº I, II, VI, X et XI).

Le prospectus et les nº II, VI et X portent, au bas de leur texte, la mention: «Privilege acquis par serment de Bourgeoisie», qui ne correspond à aucun droit juridiquement établi et qui est en fait une provocation en riposte à l'interdiction frappant le périodique dès le nº II (voir sous section 5 ci-après).

Prospectus intitulé Avis au public, non daté mais indiquant que «la première Feuille a commencé à paroître le Samedi 30. Janvier 1768», 1 p., in-8, de 11 x 18. Seul exemplaire connu: B.P.U. Genève, Gf 315, vol. 7, pièce 45bis. Texte reproduit par Emile Rivoire, t. I, p. 174, nº 1081.

Périodicité hebdomadaire, annoncée dans le prospectus et apparemment respectée. Les numéros connus sont datés des samedis 30 janvier, 6 février, 5 mars, 2 et 9 avril 1768. L'en-tête des nº X et XI précise même que la feuille se délivre «tous les samedis à midi».

3Description Chaque numéro compte 4 p. et la pagination est continue. Au total, la collection n'a donc jamais compté que 44 p. Format in-4º, mesurant selon que l'exemplaire est rogné ou non 20-23 x 15-18.

Ni devise ni illustration.

4Publication Selon le prospectus et l'en-tête des numéros connus, la feuille est publiée par «Rossier, Imprimeur-Libraire, Relieur, Buraliste Encyclopédique, demeurant Rue du Cendrier à Geneve». L'identité du personnage ne fait aucun doute. Il s'agit d'Etienne Rossier, né à Genève le 13 avril 1707, fils de Jacques Rossier et de Renée Molliet, mort de retention d'urine, à la rue du Cendrier à Genève, le 22 juillet 1769. A son décès, Etienne Rossier est qualifié de «citoyen» et d'«horloger». Sa feuille montre qu'il s'était fait aussi brocanteur et qu'il se livrait notamment au commerce des livres d'occasion[131]. On peut douter en revanche qu'il ait été imprimeur[132], d'autant que, lors de son interrogatoire devant le Petit Conseil de Genève (voir section 5), il déclare que ses feuilles ont été imprimées «tantôt à Lausanne, tantôt ailleurs» et «qu'il n'en a point fait imprimer à Genève, les imprimeurs n'aïant pas eu permission». L'examen des caractères et de la mise en page des numéros connus confirme la variété des imprimeurs, mais ne résout pas le problème de leur identification.

Prix de la souscription: 6 florins (de Genève) pour l'année. Le prix du numéro n'est pas indiqué, mais celui de l'annonce, pour qui voulait en faire paraître une, était de 3 s., quelle que fût la longueur du texte.

5Collaborateurs Fondateur et unique auteur: Etienne ROSSIER (1707-1769), connu par une seule autre et éphémère publication[133] et par les faits suivants:

Sur plainte du libraire-imprimeur Emmanuel Duvillard fils, détenteur d'un «privilège exclusif» pour l'impression de la Feuille d'avis, le Petit Conseil de Genève, en date du 2 février 1768 déjà, interdit à Rossier «l'impression et l'introduction de sa feuille» à Genève[134]. Rossier ayant néanmoins fait paraître une deuxième feuille le 6 février, en la plaçant sous le «privilège acquis par le serment de Bourgeoisie», le Petit Conseil, par une nouvelle délibération du 9 février[135], arrête «de faire signifier provisionnellement audit Rossier une deffense d'imprimer & de debiter ladite feuille d'avis». Rossier refuse d'obtempérer et fait connaître les motifs de son refus par écrit (au dos d'un as de pique!): «... le serment de bourgeoisie ne me limitant rien ... droit exclusif ne peut avoir lieu»[136]. Le Petit Conseil ne réagit pas et demeure ensuite immobile jusqu'au 13 avril, où la publication de la feuille XI, «contenant d'injurieux libelles contre diverses personnes respectables de cette ville», l'incite à faire comparaître Rossier devant lui[137]. Le samedi 16 avril, dans la même séance, Rossier est interrogé, jugé et condamné à être censuré «très grièvement», à demander pardon à Dieu et à la Seigneurie et à payer les dépens. Le Petit Conseil lui fait comprendre qu'il ne renonce à l'incarcérer que «par égard pour son âge et ses infirmités» et lui renouvelle ses «très expresses deffenses de rien imprimer ni distribuer dans la suite relativement à cette feuille»[138]. C'est en vain que Rossier, cinq semaines plus tard, demandera à pouvoir reprendre sa publication[139].

6Contenu L'Avis au public de Rossier ne contient en principe que des petites annonces, distribuées sous les rubriques suivantes: Emplacements ou fonds à vendre, A louer, A vendre, Avis divers, Conditions demandées, Conditions offertes, Effets perdus, Vols, Cours du change.

Les annonces se répètent d'un numéro à l'autre. La plupart d'entre elles d'ailleurs semblent avoir été rédigées par Rossier lui-même.

Dans les numéros VI, X et XI, Rossier insère au milieu de ses «Avis & annonces» des textes de 7 ou 8 lignes qui s'en prennent à sa femme Anne Cassin (qu'il nomme Dame séparée) ainsi qu'à ses deux gendres Jean-Pierre Debary (qu'il surnomme Cartouche Fripetout) et Louis Fabri (qu'il surnomme Mandrin), époux de ses filles Françoise et Jeanne Rossier. Les noms n'apparaissent en clair que dans le nº XI, qui attaque en outre diverses autres personnes, notamment le pasteur et professeur Jean Perdriau, à propos de son sermon du 31 mars 1768 au temple de Saint-Gervais, «la Chaire n'étant que pour y expliquer les Saintes Ecritures, et non affaires de Droit d'Etat».

Enfin, pour remplir apparemment ses deux derniers numéros, Rossier y publie en feuilleton et comme un «bel exemple à suivre» le Journal du bon Vicaire de Wiltshire[140].

7Exemplaires Exemplaires connus: Archives d'Etat, Genève, Procès criminels 11707 (nº VI et XI); B.P.U. Genève, Gf 1851 (nº I, II, X et XI, avec notice ms. de la main de G.-A. De Luc); Société de Lecture, Genève, brochures genevoises 98 (nº II et VI).

8Bibliographie Rivoire E., Bibliographie historique de Genève au XVIIIe siècle, Genève, Jullien, 1897, t. I, p. 174-175, nº 1081 et 1082.

Jean-Daniel CANDAUX

 

Δ 131. Tous les numéros connus contiennent des offres et des demandes de livres et dans le nº X, Rossier annonce son intention «d'y donner au Public un Catalogue de sa Librairie sans fin...».

Δ 132. En cette qualité, il est resté inconnu notamment de John R. Kleinschmidt, Les Imprimeurs et libraires de la République de Genève, 1700-1798, Genève, A. Jullien, 1948.

Δ 133. Egalement intitulée Avis au public (voir Emile Rivoire, t. I, p. 175, nº 1083). Dans la Genève de l'époque cependant, le nom de Rossier et son surnom de «buraliste encyclopédiste» étaient suffisamment connus pour qu'un pamphlétaire en mal de supercherie littéraire s'en serve en 1767 (voir E. Rivoire, nº 1036).

Δ 134. Genève, Archives d'Etat (ci-après A.E.G.), RC 269, p. 70.

Δ 135. Ibid., p. 86.

Δ 136. Cette carte à jouer est conservée aux A.E.G., Procès criminels 11707, pièce nº 3.

Δ 137. A.E.G., RC 269, p. 283 et 286.

Δ 138. A.E.G., RC 269, p. 288. Le procès-verbal, doublement signé, de l'interrogatoire du 16 avril est conservé également aux A.E.G., Procès criminels 11707, pièce nº 2. Dans ce texte, le secrétaire du Conseil Pierre Lullin avait mentionné à deux reprises une feuille nº XII, qui semble n'avoir jamais existé, et il n'a corrigé son erreur que la première fois.

Δ 139. A.E.G., RC 269, p. 301 (délibération du 25 avril 1768).

Δ 140. Pâle et très mince cousin du récent et déjà célèbre Vicaire de Wakefield d'Olivier Goldsmith!

 


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© Universitas 1991-2024, ISBN 978-2-84559-070-0 (édition électronique)