ISSN 2271-1813

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Dictionnaire de la presse française pendant la Révolution 1789-1799

C O M M A N D E R

   

Dictionnaire des journaux 1600-1789, sous la direction de Jean Sgard, Paris, Universitas, 1991: notice 50

ANNONCES ET AVIS DIVERS DES PAYS-BAS (1760-1811)

1Titres Annonces et Avis divers des Pays-Bas.

En 1800 le titre se modifie en Annonces et Avis divers de Bruxelles et le journal sera continué en 1805-1806 par une fusion de deux feuilles parallèles sous le titre unique de Affiches, Annonces et Avis divers du département de la Dyle. Nous connaissons pour la période 1802-1804 un Feuilleton supplémentaire.

2Dates Il n'existe pas de collection complète du journal et les renseignements fournis par les archives sont fragmentaires. Il est toutefois possible de tracer les lignes sommaires de l'existence du journal. En vertu d'un privilège accordé le 10 juillet 1760, le journal voit le jour le mardi 2 décembre suivant, à Bruxelles. Il avait été annoncé par un prospectus de 4 p., non daté, vraisemblablement lancé au cours de l'été.

Les périodicités, annoncées et réelles, sont exemplaires. Le journal paraît régulièrement deux fois par semaine, le mardi et le samedi. On notera que vers 1796 la fréquence s'élève à trois livraisons par semaine (mardi, jeudi, samedi). Chaque livraison est numérotée: on arrive ainsi à un total de 104 numéros par an ou davantage si la fréquence dépasse les deux numéros par semaine. Les livraisons de 4 ou 8 p. sont généralement reliées en un volume, parfois pourvus d'un titre général.

3Description Selon les années, le format varie du petit in-folio à l'in-8º en passant par la feuille in-4º.

A proprement parler il n'y a pas de devise sous l'ancien régime. De 1765 au moins, à 1789 on trouve les armes impériales, du 15 décembre 1789 au 30 novembre1790 ce sera le Lion belgique des éphémères Etats Belgiques Unis. Les armoiries impériales reviendront (3 déc. 1790) jusqu'à l'invasion française. Au cours de l'occupation française on trouvera les mots Liberté-Egalité en tête de nombreux numéros (1796).

4Publication Suivant son existence mouvementée, le journal connaîtra au moins neuf adresses différentes. Paraissant sous la mention de Bruxelles l'adresse combine quelquefois celles de l'éditeur ou détenteur du privilège (E.), de libraires (L.) et d'imprimeurs (I.) selon le fait que les trois états peuvent être réunis sous un seul nom. Nous connaissons les adresses suivantes: J.J. Boucherie (1761, L.I., rue des Longs Chariots), H. Vleminckx (1765, I., rue des Chapeliers), E. de Bel (1785, I., Marché-au-bois), J.L. de Boubers (1780-1782, E. L. I., rue d'Assaut), J.B. Villebon (1785 et suite, 1802-1803, E. L., rue de la Madeleine, rue J.J. Rousseau [des Boggards]), le libraire Laurent (1797, rue du Marais), la veuve Lorent (sic) (1800, L. I., rue du Capitole [de la Madeleine], C.A. de Weissenbruch (depuis 1803, E. L. I., place de l'Egalité [de la Cour]).

Quant aux propriétaires réels, nous avons pu reconstituer la liste suivante: Charles Brindeau Des Roches (10 juil. 1760 - 30 juin 1762), Société de créanciers (1762-1780) avec la participation non légalisée de P. Vigoureux, Jean-Louis de Boubers (21 juin 1780 - 1782-1783 faisant banqueroute), Benoît Le Francq (le 11 févr. 1784 par surrogation), Gillyns fils (créancier, 16 févr. 1784), Judocus Gillyns (son père, été 1785), Jean-Baptiste Villebon (1785, nouvel octroi du 19 juin 1780 - 1802, du moins formellement), Charles Auguste de Weissenbruch (à partir de 1804?).

L'on ne connaît aucune indication concernant les abonnés ou le tirage du journal. A titre d'indication, le recensement de Bruxelles en 1784 compte 74 427 habitants intra-muros. L'abonnement coûtait en 1761 9 florins de Brabant par la poste, 8 par le bureau du journal. En 1789, il a grimpé à 10 fl. 10 stuyvers [cf. les sols]. Ce montant semble se maintenir jusqu'en 1796-1797. En 1800 il s'élève à 12 fl.; on note 24 francs [français] en 1806.

5Collaborateurs Compte tenu des renseignements fragmentaires, on peut dresser la liste suivante des auteurs ou journalistes qui se confondent quelquefois avec le détenteur du privilège: Charles Julien BRINDEAU DES ROCHES (1761-1762), René Néron (1762-1763), Pamphile Vigoureux (1763), épouse Vigoureux (jusqu'en 1779), Jean-Baptiste Villebon (1786, 1788-1801?), Charles Auguste de Weissenbruch (1801?-1811). Nous n'avons pu trouver aucune indication concernant les collaborateurs réguliers ou occasionnels. Selon toute vraisemblance le journal compile les mille et une informations locales et a eu le plus souvent recours à des collaborations occasionnelles, le journaliste ou auteur assurant la coordination et peut-être la teneur des rares articles en forme.

6Contenu Le contenu est celui de toutes les feuilles publicitaires du temps: cours de la bourse, des effets, des changes; mercuriale des prix (grains, légumes, viandes, etc.), ventes, achats, échanges de biens mobiliers et immobiliers, objets, animaux domestiques, de ferme, perdus, trouvés; annonces des spectacles, fêtes, bals, redoutes, séances, etc.; embauches de gens de maison, ouvriers; personnes indélicates; objets perdus, trouvés; produits particuliers; démonstrations diverses; jeux de société (charades, etc.). On remarque cependant dès le début, des articles plus nourris portant sur la critique des spectacles, des ouvrages nouveaux, des pièces en vers, des lettres de lecteurs (fictifs ou vrais). Par la combinaison de ces éléments le journal tient à la fois le rôle classique de la feuille d'annonces et d'information et celui d'opinion culturelle, sans se confondre cependant avec son aîné la Gazette. Il la complète de fait, et offre pour l'histoire locale quotidienne une mine inépuisable de renseignements sur la vie économique, sociale et culturelle des Pays-Bas autrichiens, particulièrement à Bruxelles. Il n'existe pas de tables.

7Exemplaires Pour la localisation des exemplaires subsistants nous avons eu recours à cinq fonds différents à Bruxelles: Bibliothèque royale (B.R.), Archives de la Ville (A.V.B.), Archives générales du royaume (A.G.R.), Mundaneum (M.U.N.) et collection Weissenbruch (A.W.): 6 janv. - 29 déc. 1761 (B.R.); 19 mars - 18 oct. 1765 (A.G.R.), 24 déc. 1765 (M.U.N.); 1765-1785 (A.G.R., lacunes nombreuses); 13 mars 1770 (M.U.N.); 31 janv. 1775 (A.G.R.); 25 avril 1775 (M.U.N.); 21 juil. 1780 - 24 sept. 1782 (A.V.B., lacunes); 10 juin 1783, 11 janv. 1788 (M.U.N.); 2 janv. 1789 - 31 déc. 1790 (A.V.B.); 15, 22 janv., 5 nov., 24 déc. 1790, 11 nov. 1791 (M.U.N.); 28 mai 1796 - 23 déc. 1797 (A.V.B., lacunes); 21 avril 1798 (M.U.N.); 31 août 1798 - 20 déc. 1805 (A.W., lacunes); 9 sept. 1800 (A.V.B.); feuilleton 1802-1804 (A.G.R., lacunes); 4 janv., 20 mars 1803 (M.U.N.); 25 mars 1803 (A.V.B.), prospectus 1804 (A.V.B.); 3 janv. - 30 déc. 1806 (A.V.B.).

8Bibliographie Il n'existe aucune bibliographie spécifique pour ce journal. On consultera aux Archives générales du royaume, les fonds suivants: Conseil privé autrichien, 1065-1066, 86-87; Office fiscal de Brabant, 1023; Secrétairie d'Etat et Guerre, 6116; Conseil général de Gouvernement, 2425. Aux Archives de la Ville: Police 776. Citons aussi notre «Journalistes et journaux», Etudes sur le XVIIIe siècle, Bruxelles, 1977, t. IV, p. 117-127, et H. De Schampheleire, «Documents relatifs à la diffusion des œuvres de Voltaire, de J.-J. Rousseau et de Diderot à Bruxelles», Etudes sur le XVIIIe siècle, Bruxelles, 1979, t. VI, p. 155-166.

Historique Les Annonces et avis divers des Pays-Bas autrichiens s'inscrivent dans le mouvement des journaux publicitaires que l'on rencontre un peu partout en France, à la Guadeloupe, dans les Provinces-Unies (Amsterdam) et dans les pays qui formeront la Belgique actuelle (Bruges, Courtrai, Gand, Liège, Malines, Mons).

Au mois de mai 1760, un Tourangeau installé à Bruxelles, Charles Julien Brindeau Des Roches, présente au Conseil privé (Conseil de gouvernement) une requête afin de pouvoir publier une feuille d'annonces. Quelque peu réticent, le Conseil propose un octroi révocable à loisir (16 juin). Le gouverneur général, Charles de Lorraine, donne son accord et fait expédier un octroi le 19 juillet. Les débuts du journal sont difficiles à cause de la concurrence du Gazetin (ou Mémoires du temps) exploité par François Antoine Chevrier (Conseil privé, 18 avril 1761), et qu'il faut remettre au pas. Ne pouvant faire face à ses problèmes financiers, Brindeau Des Roches fait banqueroute et se réfugie à Liège, terre d'Empire, le 30 juin 1762. Dès le lendemain, ses créanciers réunis obtiennent la continuation du journal dont la rédaction est confiée à René Néron (18, 20 juil. 1762). Plus tard, Brindeau Des Roches, installé à Paris où il dirige un Bureau d'adresses, propose au Conseil privé un plan qui lui permettra d'étaler le paiement de ses dettes, et qui sera accepté (mars 1764). Entre temps, le 15 mars 1763, le Parisien Pamphile Vigoureux et la société des créanciers concluent un accord selon lequel les bénéfices seront partagés de moitié et prévoyant une reprise du journal par ledit Vigoureux. L'affaire est conclue mais non pas légalisée et cette carence faillit coûter cher à Vigoureux en 1776, lorsqu'arguant de son absence interprétée comme une fuite pour dettes, le puissant libraire Jean Louis de Boubers dépose le 13 février une demande pour un nouvel octroi. Bien que le Conseil privé soit gagné aux vues du libraire, et après des interventions et des offres répétées du ménage Vigoureux, Boubers doit s'incliner devant la volonté du gouvernement général qui entend «ne pas disposer» en sa faveur. Boubers revient cependant à la charge le 4 octobre 1779 après le décès de l'épouse Vigoureux qui résidait à Bruxelles. Son mari continue à résister de loin, tandis que le Conseil opine à nouveau en faveur de Boubers. Le 16 décembre celui-ci obtient gain de cause. L'octroi de 1760, toujours en vigueur, est révoqué. On passe outre aux protestations de Vigoureux et un appel d'offres est lancé. Au terme d'une lutte acharnée, qui durera près de 6 mois, Boubers finit par l'emporter sur ses concurrents, en offrant 4000 florins (mise à prix, 2000) pour un octroi de 8 ans, incluant la publication d'un supplément, l'insertion gratuite des avis officiels, un service de presse gratuit et une soumission inconditionnelle aux règlements. Le 21 juin 1780, après avis favorable du Conseil (12 juin), un octroi de 8 ans est enfin accordé à Jean Louis de Boubers. Lui-même fait faillite à la fin de 1783 et le Conseil lance un nouvel appel d'offres le 7 février 1784. L'imprimeur bruxellois Benoît Lefrancq, sur sa requête de surrogation en date du 9 et après accord avec les créanciers, décroche l'affaire le 11, mais la cède dès le lendemain à l'un des créanciers, Gillyns fils, procédure du reste approuvée le 16.

Au cours de l'été 1785 la créance de Gillyns fils est rachetée par le père de ce dernier, Judocus Gillyns, et à son tour ce dernier revend sa créance avec le matériel de l'imprimerie pour 5000 florins à Jean françois Villebon. Le reste des créances sera racheté par Villebon pour 3000 fl. et il se trouve désormais seul à la tête des Annonces. Lorsque l'octroi de 1780, prévu pour 8 ans, vient à expiration, Villebon en sollicite un nouveau en date du 27 mars 1788. Boubers qui a refait ses affaires entretemps se met sur les rangs le 2 avril et le schéma de 1779-1780 se répète: offres et contre-offres font monter les enchères. Le Conseil de gouvernement, qui a remplacé le Conseil privé, décida en fin de compte en faveur de Villebon qui reçoit le 19 juin un nouvel octroi moyennant le paiement de 5500 fl. (mise à prix de 4500 fl.), un service de presse gratuit pour 40 exemplaires, l'insertion gratuite des avis officiels et la soumission à tous les règlements en usage dans la profession du livre. L'octroi prend cours le 28 juin 1788 pour une durée de 8 ans. Villebon tenta de payer en deux tranches, le Conseil l'engage le 26 juillet à s'en tenir strictement aux stipulations de l'octroi. Il n'en demeure pas moins qu'il obtient gain de cause auprès de la Chambre des comptes et le Conseil doit prendre acte de la décision le 28 novembre 1789. A ce moment, les patriotes Brabançons sont aux portes de la capitale mais leur «révolution» ne semble pas avoir inquiété le cours du journal. L'invasion et l'occupation française en décident autrement et en l'an X Villebon cède la propriété de son journal à Charles Auguste de Weissenbruch, le beau-frère de Pierre Rousseau et directeur des journaux de la Société typographique de Bouillon, désormais installé à Bruxelles. Weissenbruch publiait au moins depuis le 8 floréal de l'an VI (27 avril 1798) des Annonces et avis divers de Bruxelles. Son journal paraît jusqu'en 1805 et devient à cette époque un feuilleton du Journal judiciaire du département de la Dyle. Un décret du 10 décembre 1811 réunira sous un titre un journal édité par Brackenier intitulé Feuille d'annonces de la ville de Bruxelles et ce qui s'appelait les Affiches, annonces et avis divers du département de la Dyle, lointain héritier du journal créé en 1760.

Jeroom VERCRUYSSE

 


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